Mis à jour le 7 mars 2022
Le 07 mai 2021 en gare de Madrid, la filiale low-cost de la SNCF fait partir son premier train en direction de Barcelone.
On le remarque aux couleurs habituelles de Ouigo, rose et bleu, sur fond blanc.
Initialement prévue en 2020 mais reportée à cause du contexte sanitaire, cet événement marque l’implantation ferroviaire française sur le sol espagnol suite à l’ouverture du marché à la concurrence.
Un bon départ pour la société ferroviaire française
En mai dernier, la SNCF lançait Ouigo España avec 5 allers-retours par jour entre Madrid et Barcelone, effectués par des trains français et non via le service ferroviaire à grande vitesse espagnol, AVE (Alta Velocidad Española).
Les trains AVE initialement exploitée par Renfe, la SNCF espagnole, voient un nouveau concurrent pointer le bout de son nez.
Malgré les déficits liés à la crise sanitaire que l’on connaît dans le monde du rail, la SNCF investit 600 millions d’euros pour son projet transpyrénéen.
Pas étonnant quand on sait que l’Espagne a le plus long réseau ferroviaire à grande vitesse d’Europe avec 3 622 kilomètres, juste après la Chine au classement mondial.
A l’horizon 2023, la compagnie low-cost souhaite faire circuler 14 rames doubles pouvant offrir plus de 1 000 places par trajet et ainsi proposer des tarifs accessibles.
On peut parler de succès quand on sait que les trains de Ouigo españa ont transporté un million de passagers en 2021 avec un taux d’occupation de l’ordre de 95% en moyenne.
Principale raison de cette réussite : son prix.
Le billet commence à 9€ pour un aller-retour entre Madrid et Barcelone contre en moyenne de 64€ pour Renfe.
Ces tarifs avantageux ont fait apparaître une nouvelle clientèle espagnole des trains à grande vitesse avec des familles, des jeunes et des étudiants qui pourraient pousser Ouigo españa à faire évoluer son offre.
D’ailleurs, l’ouverture à la concurrence est plutôt bénéfique en Espagne, à en croire la compagnie espagnole :
« La Libéralisation est une opportunité pour Renfe, cela va nous stimuler »
AFP (Agence France Presse)
Toutefois, voyant le succès de son homologue français, la Renfe n’a pas tardé à réagir.
La Renfe contre-attaque en Espagne mais aussi en France
Avec un bénéfice de 111,4 millions d’euros en 2018, soit une hausse de 59% par rapport à 2017 pour 507 millions de voyageurs, la Renfe a de bons indicateurs pour envisager une réponse pertinente.
Face aux prix compétitifs de Ouigo españa, la Renfe a créé son offre low-cost, appelée Avlo.
Également retardés par la pandémie, les trains violets à grande vitesse ont vu le jour dès le mois de juin sur l’axe Madrid-Barcelone en passant par Saragosse à des prix allant de 10 à 60 euros.
Pour proposer des tarifs compétitifs, Avlo a supprimé quelques services à bord de ses trains. Par exemple, la voiture bar n’existe plus et laisse place à des sièges supplémentaires.
Comme pour son voisin français, le choix du siège ou la modification du billet sont facturés en plus du prix du billet.
Cependant, petit avantage pour Avlo qui inclut bagage cabine et volumineux dans le prix du billet tandis que la valise grand format est en supplément pour Ouigo españa.
En plus de contre-attaquer la filiale tricolore en Espagne, le transporteur hispanique souhaite concurrencer la société ferroviaire française dans l’hexagone.
Après l’opérateur italien Thello, c’est au tour de Renfe de rouler sur les plates bandes de la SNCF sur le marché de la grande vitesse courant 2022/2023.
La société espagnole souhaite d’abord se positionner sur l’axe majeur Paris-Lyon-Marseille et envisage ensuite d’investir les régions Grand Est et Hauts-de-France, toutes deux ouvertes à la concurrence.
Il y a de fortes chances que Renfe choisisse de faire circuler ses trains Avlo au vu du succès du low-cost sur le marché ferroviaire européen.
Tandis que la société ferroviaire espagnole envisage de rouler sur les rails français d’ici quelques mois, un dernier né devrait arriver sur la péninsule ibérique.
La France n’est pas la seule à se lancer dans le train à grande vitesse espagnol
Trenitalia, la compagnie ferroviaire italienne, s’est associée à Air Nostrum, une compagnie aérienne privée espagnole pour concevoir le projet Ilsa.
La société italienne détient 45% du capital tandis que l’entreprise espagnole en détient 55%. La compagnie Ilsa a été créée spécialement pour exploiter les lignes à grande vitesse du rail espagnol, récemment ouvertes à la concurrence.
Isla exploite ses trains sous la marque commerciale Iryo. Les passagers pourront monter à bord des fameux “Frecciarossa” (flèche rouge) de Trenitalia comme ci-dessous :
Contrairement à ses concurrents Avlo, Ouigo et AVE, les rames Iryo offriront un service de haute qualité à bord.
De plus, Ilsa affirme que ses trains sont les plus silencieux, les plus rapides d’Europe, pouvant atteindre 360 km/h et les plus durables avec seulement 28 grammes d’émission de CO2 par km et conçus avec 95% de matériaux renouvelables.
Des essais d’homologation sont actuellement en cours entre Perpignan et Figuères, mais Ilsa souhaite faire rouler ses trains d’ici cet été entre Madrid et Barcelone.
Si tout se passe bien, les grandes villes espagnoles comme Valence, Saragosse, Alicante, Séville, Malaga et Cordoue seront desservies par les Frecciarossa.
A terme, ce sont 23 rames qui circuleront d’ici 2023 pour effectuer ces liaisons et offrir un panel d’offres beaucoup plus large à huit millions d’utilisateurs, soit 30% du marché espagnol de la grande vitesse.
Pour entretenir ces trains, c’est le japonais Hitachi Rail qui remporte le contrat de maintenance de 737 millions d’euros qui s’étend jusqu’en 2052.
Le marché ferroviaire espagnol peu exploité contrairement à celui du bus
Selon un rapport de 2018 de la CNMC (Commission Nationale des Marché et de la Concurrence), 76% du réseau ferroviaire est inutilisé.
Cette constatation fait mouche lorsqu’on sait que le bus est le moyen de transport préféré de nos voisins espagnols avec 32 millions de voyageurs par an, loin devant celui du train.
La péninsule ibérique fait office d’exception en Europe avec 3 600 compagnies de bus privées où les 5 premiers acteurs ne représentent que 15% du secteur.
Les transporteurs se divisent en trois catégories :
- Internationales : la plus connue est Alsa, leader du marché et propriété du groupe britannique National Express
- Nationales : elles desservent les grandes agglomérations du pays
- Régionales : petites compagnies à taille humaine qui relient les communes autonomes de l’Espagne
Ce bilan a bien évidemment éveillé les concurrents européens pour arriver sur le marché du train espagnol en plein essor.
Et cela ne risque pas de s’arrêter pour le plus grand bonheur des voyageurs.
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